Autun, Saint-Lazare - Porche nord, portail central, linteau : Résurrection des morts avec séparation des Élus et des Damnés
Localisation
Localisation géographique : Autun, Saône-et-Loire, 71, France
Édifice : Cathédrale Saint-Lazare
Extérieur, Façade nord
Porche, portail central : Portail du Jugement dernier, Linteau
Datation
2e quart 12e siècle (1125-1145)
Auteurs
Description et iconographie
Techniques de l'œuvre : Sculpture
Iconographie :
Cycles : Jugement dernier
Description : La Résurrection des morts.
1) Description de D. Grivot : les morts, hommes et femmes, sortent de leurs cercueils. Il y a déjà une séparation entre élus (au nombre de vingt, à gauche) et damnés (ils sont dix-huit, moins serrés, à droite). Du côté des damnés : le deuxième à partir de la droite, qui tape sur un tonneau que l'on peut supposer vide, est peut-être un ivrogne ; un damné, assis dans le vide, est saisi par les deux énormes mains du diable ; à sa droite, une femme dont les seins sont mordus par des serpents représente la luxure et à sa gauche, un homme portant un sac et également piqué par un serpent est probablement un avare ; les autres damnés ne sont pas personnalisés. Au centre (sous les pieds du Christ), un ange portant une épée repousse un damné. Du côté des élus : le troisième personnage à gauche de l'ange est un pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, reconnaissable à la coquille appliquée sur son sac ; sur son épaule il porte le double bâton du pèlerin et marche sur deux feuilles qui reposent ses pieds fatigués ; derrière lui un autre pèlerin arrive de Jérusalem, il a la même attitude que le précédent et porte sur son sac la croix simplifiée de Jérusalem ; suit un moine vêtu d'une robe de bure et contemplant déjà le ciel ; arrive ensuite une famille : le père se retourne en arrière, il tient sa femme par la main et elle-même désigne son enfant encore assis dans le cercueil et se libérant de son linceul ; un ange, les bras levés, s'occupe de trois enfants nus qui dansent, sautent et expriment leur joie en se pendant après lui ; arrive ensuite un évêque reconnaissable à sa crosse, un autre évêque le suit un peu plus loin. Les damnés sont nus, les élus sont pour certains nus, pour d'autres habillés – mais les corps sont transfigurés. Les cercueils d'où sortent les morts, au nombre de seize pour trente-huit personnes, sont bien alignés à leurs pieds et tous ornés : ils forment une frise décorative qui évite tout aspect macabre. L'inscription latine au-dessus des damnés signifie : « Que la terreur terrifie ceux qui sont ligotés par l'erreur de la terre ; l'horreur de ces images leur montre quel sera leur sort » ; et celle au-dessus des élus dit : « C'est ainsi que ressuscitera celui qui ne mène pas une vie dissolue ; c'est pour toujours que luira pour lui la lumière du jour ». Au centre l'artiste a signé son œuvre : « Gislebertus hoc fecit », c'est-à-dire « Gislebertus a fait cela ». 2) Description de B. Maurice-Chabard : Représentés déjà debout, rarement assis, les Ressuscités sortent de leurs tombeaux dont les cuves trapézoïdales rappellent les sarcophages du Haut Moyen Âge. Leur répartition s'établit selon une scansion qui s'effectue physiquement par les anges orchestrant la procession. Et la représentation est conditionnée à l'inscription gravée dans la partie supérieure du linteau. Le premier groupe, composé de quatre laïcs, de deux ecclésiastiques et de deux rois se dirige vers la droite et se cantonne à la position du premier ange qui accueille trois enfants. Dans le second groupe, couples et individuels se succèdent ainsi qu'un moine et deux pèlerins, identifiables à leurs bourdons et leurs besaces (croix de Jérusalem et coquille de Saint-Jacques de Compostelle). Attitudes confiantes, visages extatiques, impatience des plus jeunes se succèdent chez ces futurs élus de la Cité céleste. L'ange en position centrale, sous les pieds du Christ, effectue une première sélection, l'épée à la main. De la main gauche, il repousse les Réprouvés dont les premiers visages trahissent une inquiétude grandissante qui se transforme en désespoir : les corps s'affaissent, les mains se tordent, les visages se cachent, gémissent et pleurent. Le dernier groupe débute par une figure qui a déjà pris le visage déformé des diables de l'Enfer (une représentation de l'Avarice qui essaie de sauver sa bourse, qu'un serpent tente de dérober). Plus effrayant, ensuite, un petit personnage retient avec force ses jambes pour résister
1) Description de D. Grivot : les morts, hommes et femmes, sortent de leurs cercueils. Il y a déjà une séparation entre élus (au nombre de vingt, à gauche) et damnés (ils sont dix-huit, moins serrés, à droite). Du côté des damnés : le deuxième à partir de la droite, qui tape sur un tonneau que l'on peut supposer vide, est peut-être un ivrogne ; un damné, assis dans le vide, est saisi par les deux énormes mains du diable ; à sa droite, une femme dont les seins sont mordus par des serpents représente la luxure et à sa gauche, un homme portant un sac et également piqué par un serpent est probablement un avare ; les autres damnés ne sont pas personnalisés. Au centre (sous les pieds du Christ), un ange portant une épée repousse un damné. Du côté des élus : le troisième personnage à gauche de l'ange est un pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, reconnaissable à la coquille appliquée sur son sac ; sur son épaule il porte le double bâton du pèlerin et marche sur deux feuilles qui reposent ses pieds fatigués ; derrière lui un autre pèlerin arrive de Jérusalem, il a la même attitude que le précédent et porte sur son sac la croix simplifiée de Jérusalem ; suit un moine vêtu d'une robe de bure et contemplant déjà le ciel ; arrive ensuite une famille : le père se retourne en arrière, il tient sa femme par la main et elle-même désigne son enfant encore assis dans le cercueil et se libérant de son linceul ; un ange, les bras levés, s'occupe de trois enfants nus qui dansent, sautent et expriment leur joie en se pendant après lui ; arrive ensuite un évêque reconnaissable à sa crosse, un autre évêque le suit un peu plus loin. Les damnés sont nus, les élus sont pour certains nus, pour d'autres habillés – mais les corps sont transfigurés. Les cercueils d'où sortent les morts, au nombre de seize pour trente-huit personnes, sont bien alignés à leurs pieds et tous ornés : ils forment une frise décorative qui évite tout aspect macabre. L'inscription latine au-dessus des damnés signifie : « Que la terreur terrifie ceux qui sont ligotés par l'erreur de la terre ; l'horreur de ces images leur montre quel sera leur sort » ; et celle au-dessus des élus dit : « C'est ainsi que ressuscitera celui qui ne mène pas une vie dissolue ; c'est pour toujours que luira pour lui la lumière du jour ». Au centre l'artiste a signé son œuvre : « Gislebertus hoc fecit », c'est-à-dire « Gislebertus a fait cela ». 2) Description de B. Maurice-Chabard : Représentés déjà debout, rarement assis, les Ressuscités sortent de leurs tombeaux dont les cuves trapézoïdales rappellent les sarcophages du Haut Moyen Âge. Leur répartition s'établit selon une scansion qui s'effectue physiquement par les anges orchestrant la procession. Et la représentation est conditionnée à l'inscription gravée dans la partie supérieure du linteau. Le premier groupe, composé de quatre laïcs, de deux ecclésiastiques et de deux rois se dirige vers la droite et se cantonne à la position du premier ange qui accueille trois enfants. Dans le second groupe, couples et individuels se succèdent ainsi qu'un moine et deux pèlerins, identifiables à leurs bourdons et leurs besaces (croix de Jérusalem et coquille de Saint-Jacques de Compostelle). Attitudes confiantes, visages extatiques, impatience des plus jeunes se succèdent chez ces futurs élus de la Cité céleste. L'ange en position centrale, sous les pieds du Christ, effectue une première sélection, l'épée à la main. De la main gauche, il repousse les Réprouvés dont les premiers visages trahissent une inquiétude grandissante qui se transforme en désespoir : les corps s'affaissent, les mains se tordent, les visages se cachent, gémissent et pleurent. Le dernier groupe débute par une figure qui a déjà pris le visage déformé des diables de l'Enfer (une représentation de l'Avarice qui essaie de sauver sa bourse, qu'un serpent tente de dérober). Plus effrayant, ensuite, un petit personnage retient avec force ses jambes pour résister
Bibliographie : Grivot Denis, La sculpture du XIIe siècle de la cathédrale d'Autun, Colmar-Ingersheim, SAEP, 1990.
Maurice-Chabard Brigitte, L'église de pèlerinage, l'iconographie et la fonction liturgique de ses portails, in Révélation du grand portail d'Autun, dir. Cécile Ullmann, Lyon, Éd. Lieux dits, 2011 (ici p. 149-150).
Maurice-Chabard Brigitte, L'église de pèlerinage, l'iconographie et la fonction liturgique de ses portails, in Révélation du grand portail d'Autun, dir. Cécile Ullmann, Lyon, Éd. Lieux dits, 2011 (ici p. 149-150).
Notes
Notes sur l'œuvre : « L'artiste n'a pas seulement sculpté le tympan du Jugement dernier, couronnement de sa carrière artistique, mais la presque totalité du décor de l'église. »
SOURCE : Grivot Denis et Zarnecki Georges, « Gislebertus sculpteur d'Autun », Paris Clairvaux-les-Lacs, Trianon, 1960.
SOURCE : Grivot Denis et Zarnecki Georges, « Gislebertus sculpteur d'Autun », Paris Clairvaux-les-Lacs, Trianon, 1960.
Notice : Béatrice Coquet
Date de la notice : 31/05/2012
Photos de l'œuvre
Œuvres associéesVues d'ensemble