Autun, Saint-Lazare - Porche nord, portail central, tympan, détail : le pèsement des âmes et l'Enfer
Localisation
Localisation géographique : Autun, Saône-et-Loire, 71, France
Édifice : Cathédrale Saint-Lazare
Extérieur, Façade nord
Porche, portail central : Portail du Jugement dernier, Tympan, partie droite, registre inférieur
Datation
2e quart 12e siècle (1125-1145)
Auteurs
Description et iconographie
Techniques de l'œuvre : Sculpture
Iconographie :
Scènes : Pèsement des âmes ; Enfer ; Saint Matthieu apôtre ; Saint Jean l'Évangéliste ; Ange
Cycles : Jugement dernier
Description : La pesée des âmes et l'enfer. À l'extrémité droite, un ange sonne de la trompette.
1) Description de D. Grivot : - La pesée des âmes (à gauche) : la balance est impressionnante avec ses deux gros plateaux chargés, en forme de demi-lune ; elle penche du bon côté : l'archange saint Michel, à côté du plateau gauche, appuie dessus à la fois ouvertement et discrètement ; à droite le diable, moins élégamment, s'agrippe à la barre supérieure de la balance pour la faire pencher, sans succès, de son côté. Au-dessus du plateau de gauche, l'élu, représenté par un petit personnage, les deux mains sous le menton, vole au ciel, comme aspiré par la personne du Christ qu'il contemple. Aux pieds de saint Michel, deux petits personnages se blottissent contre sa robe pour échapper à la morsure d'un serpent tricéphale. - Derrière saint Michel, un personnage debout, tourné vers le Christ, tient un livre sur sa poitrine : c'est peut-être saint Matthieu l'Évangéliste. - L'enfer (à droite) : le grand diable décharné placé à côté du plateau de la balance manifeste son mécontentement en saisissant par les cheveux un pauvre damné. Derrière lui, trois autres diables ricanant crochètent les damnés ou les précipitent dans l'enfer représenté par une sorte de coffre d'où sort une gueule de monstre et par une cuve dans laquelle on précipite des petits hommes affolés et apeurés. 2) Description de B. Maurice-Chabard : - Saint Jean présentant un livre ouvert joue le rôle d'intercesseur et accompagne saint Michel dans sa fonction de psychopompe. Ce dernier n'est pas dans la position centrale traditionnelle : il effectue la Pesée des âmes du côté de l'Enfer et a maille à partir avec l'un des suppôts du Diable. Celui-ci s'accroche au fléau de la balance pour alourdir le poids des péchés d'une âme qui présente déjà le rictus du Mal. Toutefois celui des bonnes actions l'emporte et la petite âme de l'élu s'élève toute joyeuse vers le Paradis. D'un calme serein, l'archange assure la protection de deux autres âmes en attente de pesée, qui ont trouvé refuge dans les plis de son manteau. À l'issue de cette Pesée, les élus et les damnés se dirigent avec fougue ou retenue vers la Jérusalem céleste [voir écoinçon gauche] ou l'Enfer. - Le contraste est saisissant du côté de l'Enfer, où les Réprouvés sont pris en charge par des démons dont la morphologie anguleuse et décharnée est bien reconnaissable : les muscles saillants renforcent leur aspect hideux, avec les visages à la chevelure ébouriffée et au large ricanement. Après le Pesée, les damnés sont entraînés dans le cercle infernal : un serpent à trois têtes s'enroule autour des membres inférieurs du grand diable qui participe à la Pesée. L'un de ses compères armé d'une fourche à deux dents tire une femme par le cou, tandis qu'un second hisse un groupe de damnés par une chaîne pour les jeter dans la gueule de Léviathan. Un troisième au rictus railleur tient dans ses mains une sorte de salamandre, symbole des esprits impurs. La gueule de Léviathan jaillit de l'Enfer, signifié par une architecture sobre, un bâtiment à une nef, rectangulaire, ponctué en façade de trois ouvertures. L'ensemble est vu en perspective plongeante, livrant à notre regard un toit à deux pans faisant penser à un reliquaire. De façon spectaculaire, un diable démesuré, dont le corps est plié à angle droit pour mieux épouser l'arrondi du tympan, enfourne sans compassion les Réprouvés dans l'antre infernal.
1) Description de D. Grivot : - La pesée des âmes (à gauche) : la balance est impressionnante avec ses deux gros plateaux chargés, en forme de demi-lune ; elle penche du bon côté : l'archange saint Michel, à côté du plateau gauche, appuie dessus à la fois ouvertement et discrètement ; à droite le diable, moins élégamment, s'agrippe à la barre supérieure de la balance pour la faire pencher, sans succès, de son côté. Au-dessus du plateau de gauche, l'élu, représenté par un petit personnage, les deux mains sous le menton, vole au ciel, comme aspiré par la personne du Christ qu'il contemple. Aux pieds de saint Michel, deux petits personnages se blottissent contre sa robe pour échapper à la morsure d'un serpent tricéphale. - Derrière saint Michel, un personnage debout, tourné vers le Christ, tient un livre sur sa poitrine : c'est peut-être saint Matthieu l'Évangéliste. - L'enfer (à droite) : le grand diable décharné placé à côté du plateau de la balance manifeste son mécontentement en saisissant par les cheveux un pauvre damné. Derrière lui, trois autres diables ricanant crochètent les damnés ou les précipitent dans l'enfer représenté par une sorte de coffre d'où sort une gueule de monstre et par une cuve dans laquelle on précipite des petits hommes affolés et apeurés. 2) Description de B. Maurice-Chabard : - Saint Jean présentant un livre ouvert joue le rôle d'intercesseur et accompagne saint Michel dans sa fonction de psychopompe. Ce dernier n'est pas dans la position centrale traditionnelle : il effectue la Pesée des âmes du côté de l'Enfer et a maille à partir avec l'un des suppôts du Diable. Celui-ci s'accroche au fléau de la balance pour alourdir le poids des péchés d'une âme qui présente déjà le rictus du Mal. Toutefois celui des bonnes actions l'emporte et la petite âme de l'élu s'élève toute joyeuse vers le Paradis. D'un calme serein, l'archange assure la protection de deux autres âmes en attente de pesée, qui ont trouvé refuge dans les plis de son manteau. À l'issue de cette Pesée, les élus et les damnés se dirigent avec fougue ou retenue vers la Jérusalem céleste [voir écoinçon gauche] ou l'Enfer. - Le contraste est saisissant du côté de l'Enfer, où les Réprouvés sont pris en charge par des démons dont la morphologie anguleuse et décharnée est bien reconnaissable : les muscles saillants renforcent leur aspect hideux, avec les visages à la chevelure ébouriffée et au large ricanement. Après le Pesée, les damnés sont entraînés dans le cercle infernal : un serpent à trois têtes s'enroule autour des membres inférieurs du grand diable qui participe à la Pesée. L'un de ses compères armé d'une fourche à deux dents tire une femme par le cou, tandis qu'un second hisse un groupe de damnés par une chaîne pour les jeter dans la gueule de Léviathan. Un troisième au rictus railleur tient dans ses mains une sorte de salamandre, symbole des esprits impurs. La gueule de Léviathan jaillit de l'Enfer, signifié par une architecture sobre, un bâtiment à une nef, rectangulaire, ponctué en façade de trois ouvertures. L'ensemble est vu en perspective plongeante, livrant à notre regard un toit à deux pans faisant penser à un reliquaire. De façon spectaculaire, un diable démesuré, dont le corps est plié à angle droit pour mieux épouser l'arrondi du tympan, enfourne sans compassion les Réprouvés dans l'antre infernal.
Bibliographie : Grivot Denis, La sculpture du XIIe siècle de la cathédrale d'Autun, Colmar-Ingersheim, SAEP, 1990.
Maurice-Chabard Brigitte, L'église de pèlerinage, l'iconographie et la fonction liturgique de ses portails, in Révélation du grand portail d'Autun, dir. Cécile Ullmann, Lyon, Éd. Lieux dits, 2011 (ici p. 153-154).
Maurice-Chabard Brigitte, L'église de pèlerinage, l'iconographie et la fonction liturgique de ses portails, in Révélation du grand portail d'Autun, dir. Cécile Ullmann, Lyon, Éd. Lieux dits, 2011 (ici p. 153-154).
Notes
Notes sur l'œuvre : « L'artiste n'a pas seulement sculpté le tympan du Jugement dernier, couronnement de sa carrière artistique, mais la presque totalité du décor de l'église. »
SOURCE : Grivot Denis et Zarnecki Georges, « Gislebertus sculpteur d'Autun », Paris Clairvaux-les-Lacs, Trianon, 1960. Vestiges de polychromie : - Archange pesant les âmes : rehauts des ailes et des plis de la robe. - Diables : visages ; rehauts des pattes de reptiles. - Anges musiciens : trompettes ; rehauts des extrémités des plumes des ailes, des auréoles et des plis des robes. Par ailleurs, des billes de verre ont été employées pour orner les yeux des personnages et des animaux, aussi bien dans le tympan que dans les archivoltes. Cette technique est également utilisée pour signaler les axes des supports des plateaux de la balance dans le Jugement dernier et dans le zodiaque. Dans son étude préalable, Christine Goubert a distingué les billes d'origine, irrégulières et bleu sombre, et celles datant de la restauration du XIXe siècle, calibrées, bleues pour les personnages et noires pour les animaux. SOURCE : Dmochowska-Brasseur Agata, Le regard du restaurateur : des observations aux interventions, in « Révélation du grand portail d'Autun », dir. Cécile Ullmann, Lyon, Éd. Lieux dits, 2011, p. 109-121 (ici p. 116-117).
SOURCE : Grivot Denis et Zarnecki Georges, « Gislebertus sculpteur d'Autun », Paris Clairvaux-les-Lacs, Trianon, 1960. Vestiges de polychromie : - Archange pesant les âmes : rehauts des ailes et des plis de la robe. - Diables : visages ; rehauts des pattes de reptiles. - Anges musiciens : trompettes ; rehauts des extrémités des plumes des ailes, des auréoles et des plis des robes. Par ailleurs, des billes de verre ont été employées pour orner les yeux des personnages et des animaux, aussi bien dans le tympan que dans les archivoltes. Cette technique est également utilisée pour signaler les axes des supports des plateaux de la balance dans le Jugement dernier et dans le zodiaque. Dans son étude préalable, Christine Goubert a distingué les billes d'origine, irrégulières et bleu sombre, et celles datant de la restauration du XIXe siècle, calibrées, bleues pour les personnages et noires pour les animaux. SOURCE : Dmochowska-Brasseur Agata, Le regard du restaurateur : des observations aux interventions, in « Révélation du grand portail d'Autun », dir. Cécile Ullmann, Lyon, Éd. Lieux dits, 2011, p. 109-121 (ici p. 116-117).
Notice : Béatrice Coquet
Date de la notice : 26/02/2012
Photos de l'œuvre
Œuvres associéesVues d'ensemble