Sens, Saint-Étienne - Portail occidental central, voussure V : les Vertus / Vertus et Béatitudes
Localisation
Édifice : Cathédrale Saint-Étienne
Extérieur, Façade occidentale
Portail central, Voussure V
Datation
Limite 12e siècle 13e siècle (1200-1210)
Description et iconographie
Techniques de l'œuvre : Sculpture
Iconographie :
Description : Seize figures féminines, élégantes, tenant chacune dans les mains un médaillon avec un motif, généralement floral ; les deux figures supérieures ont des médaillons décorés d'une colombe et d'un phénix au-dessus d'un feu. Ces femmes ont toujours été identifiées comme des Vertus (en relation avec celles représentées au soubassement du portail du Jugement dernier de Notre-Dame de Paris), hors dans l'interprétation de René Fourrey qui y voyait les Béatitudes célestes du canon fixé par Anselme de Canterbury.
Dans l'art médiéval les Vertus n'ont été munies qu'exceptionnellement d'attributs végétaux. Par ailleurs, le nombre élevé des figures demande un éclaircissement : la norme artistique, qui suit Matthieu, est de sept ou huit Béatitudes. Soit donc les béatitudes excédentaires sont assimilées à des vertus, soit les vertus dérivées des béatitudes sont complétées par des vertus d'une autre origine, comme dans la mosaïque de la coupole de Saint-Marc à Venise, où les figures sont identifiées par des inscriptions et par leurs attributs ; leur représentation est très ressemblante à celle de Sens, cependant une seule femme (l'Espérance) tient un attribut floral. Le cycle sénonais est différent de ceux de Venise et de Paris : il vient d'une autre tradition artistique, dont l'origine doit se situer dans l'art mosan. Il n'y a pas d'individualisation des figures, hors les deux du sommet. La colombe fut utilisée dans l'art médiéval pour caractériser l'Humilité et symboliser le Saint-Esprit ; saint Augustin et Jean Chrysostome mettent sur le même plan l'humilité et la crainte de Dieu ainsi que le premier don du Saint-Esprit et la première béatitude. Le phénix est au Moyen Âge un attribut de la Chasteté en même temps qu'un symbole de la Résurrection. Matthieu ne nomme pas de béatitude pour la chasteté, mais elle figure dans le Livre de la Sagesse (3, 13). Il y a deux raisons possibles pour cette individualisation de la chasteté et de l'humilité : ou elles étaient tenues pour particulièrement importantes à Sens, ou l'on attendait de leurs attributs un éclaircissement du message. Ainsi l'allusion au Saint-Esprit évoque en même temps les dons de l'Esprit et les talents originels dont Dieu a pourvu l'homme. L'homme doit cultiver ces vertus pendant toute sa vie. Le phénix marque le moment où il sera jugé suivant ses vertus et où les bienfaits promis dans les Béatitudes seront réalisés. Ainsi donc les vierges sénonaises représentent à la fois des Vertus et des Béatitudes. Le message d'exhortation à une vie vertueuse convient à un tympan avec un thème eschatologique comme avec une vie de saint [description de Plein] = Les Vertus avec des médaillons montrant des plantes stylisées, le phénix, la colombe (?) pour emblèmes. Les figures des cinq voussures sont, vraisemblablement, en rapport avec le martyre de saint Étienne représenté au tympan [description de Sauerländer].
Dans l'art médiéval les Vertus n'ont été munies qu'exceptionnellement d'attributs végétaux. Par ailleurs, le nombre élevé des figures demande un éclaircissement : la norme artistique, qui suit Matthieu, est de sept ou huit Béatitudes. Soit donc les béatitudes excédentaires sont assimilées à des vertus, soit les vertus dérivées des béatitudes sont complétées par des vertus d'une autre origine, comme dans la mosaïque de la coupole de Saint-Marc à Venise, où les figures sont identifiées par des inscriptions et par leurs attributs ; leur représentation est très ressemblante à celle de Sens, cependant une seule femme (l'Espérance) tient un attribut floral. Le cycle sénonais est différent de ceux de Venise et de Paris : il vient d'une autre tradition artistique, dont l'origine doit se situer dans l'art mosan. Il n'y a pas d'individualisation des figures, hors les deux du sommet. La colombe fut utilisée dans l'art médiéval pour caractériser l'Humilité et symboliser le Saint-Esprit ; saint Augustin et Jean Chrysostome mettent sur le même plan l'humilité et la crainte de Dieu ainsi que le premier don du Saint-Esprit et la première béatitude. Le phénix est au Moyen Âge un attribut de la Chasteté en même temps qu'un symbole de la Résurrection. Matthieu ne nomme pas de béatitude pour la chasteté, mais elle figure dans le Livre de la Sagesse (3, 13). Il y a deux raisons possibles pour cette individualisation de la chasteté et de l'humilité : ou elles étaient tenues pour particulièrement importantes à Sens, ou l'on attendait de leurs attributs un éclaircissement du message. Ainsi l'allusion au Saint-Esprit évoque en même temps les dons de l'Esprit et les talents originels dont Dieu a pourvu l'homme. L'homme doit cultiver ces vertus pendant toute sa vie. Le phénix marque le moment où il sera jugé suivant ses vertus et où les bienfaits promis dans les Béatitudes seront réalisés. Ainsi donc les vierges sénonaises représentent à la fois des Vertus et des Béatitudes. Le message d'exhortation à une vie vertueuse convient à un tympan avec un thème eschatologique comme avec une vie de saint [description de Plein] = Les Vertus avec des médaillons montrant des plantes stylisées, le phénix, la colombe (?) pour emblèmes. Les figures des cinq voussures sont, vraisemblablement, en rapport avec le martyre de saint Étienne représenté au tympan [description de Sauerländer].
Bibliographie : Plein Irene, Die frühgotische Skulptur an der Westfassade der Kathedrale von Sens, Münster, Rhema, 2005.
Sauerländer Willibald, La Sculpture gothique en France, 1140-1270, Paris, Flammarion, 1972 (ici p. 98).
Sauerländer Willibald, La Sculpture gothique en France, 1140-1270, Paris, Flammarion, 1972 (ici p. 98).
Notice : Béatrice Coquet
Date de la notice : 14/12/2017
Photos de l'œuvre
Œuvres associéesVues d'ensemble