Sens, Saint-Étienne - Portail occidental nord, voussure III : cycle des reliques de saint Jean-Baptiste

Localisation

Localisation géographique : Sens, Yonne, 89, France
Édifice : Cathédrale Saint-Étienne
Extérieur, Façade occidentale
Portail nord = Portail Saint-Jean-Baptiste, Voussure III

Datation

4e quart 12e siècle

Description et iconographie

Techniques de l'œuvre : Sculpture
Iconographie :
Scènes : Cycle des reliques de saint Jean-Baptiste
Cycles : Vie de saint Jean-Baptiste : Cycle des reliques de saint Jean-Baptiste
Description : Cycle de la légende des reliques de saint Jean-Baptiste.
1) Selon L. Bégule : épisodes depuis la profanation du tombeau de Jean-Baptiste à la translation de ses reliques à Constantinople, où est construite une église - la lecture de Bégule suit celle de Chartraire, le cycle de Sens illustrant pour eux la « Légende dorée », chapitre « La décollation de saint Jean-Baptiste ». 2) Selon W. Sauerländer : tous les épisodes représentés ne peuvent être interprétés de façon indubitable. Cette série commence, en bas à gauche, avec l'ouverture du tombeau faite sur les ordres de Julien l'Apostat et se termine, en bas à droite, sur la construction d'une église dédiée à saint Jean-Baptiste. 3) Selon A. Martin : du côté gauche, cycle de la légende des reliques de saint Jean-Baptiste ; du côté droit : cycle des reliques du saint à Sébaste. 4) Selon I. Plein : deux observations (le protagoniste est un roi ou un empereur ; et dans une scène les reliques sont présentées aux chevaliers morts, qui sont donc ressuscités par les reliques : fait rarissime au Moyen Âge) induisent l'interprétation qui en est faite : après la profanation du tombeau de Jean-Baptiste, les scènes illustrent une légende française propagée par les moines de Saint-Jean-d'Angély (Charente maritime) et transmise par les Bollandistes : après que le chef de Jean-Baptiste ait été découvert par le moine Marcel, il fut transporté non à Constantinople mais à Alexandrie, où il aurait été réuni avec le reste du corps. Quelques années plus tard à Jérusalem, le moine Félix aurait eu une vision selon laquelle il devait aller à Alexandrie pour rapporter le chef en Aquitaine. Le moine et ses frères auraient débarqué à Angoulins, près de l'actuelle La Rochelle, et traversé une bataille contre les Vandales. Au même moment le roi Pépin le Bref (714/715-768), vainqueur de la bataille, rêvait qu'il l'avait gagnée grâce à l'intercession de Jean-Baptiste et qu'il devait recevoir les reliques des mains de Félix. NB : Plein précise s'écarter là des interprétations de Chartraire (vers 1914) et de Kenaan-Kedar (1995 - voir Notes).
Bibliographie : Bégule Lucien, La cathédrale de Sens : son architecture, son décor, Lyon, A. Rey, 1929.
Sauerländer Willibald, La Sculpture gothique en France, 1140-1270, Paris, Flammarion, 1972 (ici p. 97-98).
Martin Annabelle, Nouvelles observations sur le portail Saint-Jean de la cathédrale Saint-Étienne de Sens, Bulletin Monumental, 2005, tome 163-4, p. 315-327.
Plein Irene, Die frühgotische Skulptur an der Westfassade der Kathedrale von Sens, Münster, Rhema, 2005.

Notes

Notes sur l'œuvre : En raison d'un mauvais état de conservation, la compréhension de cette voussure est restée longtemps hasardeuse. Toutefois Nurith Kenaan-Kedar (Aspects des relations entre "centre" et "périphérie" : les cathédrales Saint-Étienne de Sens et Saint-Jean de Sébaste, in « Pèlerinages et croisades », Paris, 1995) a récemment proposé d'identifier les scènes de la légende des Reliques à la lumière des relations entretenues entre l'archevêché de Sens et le diocèse de Sébaste, en Samarie, instaurées sous l'épiscopat de Guillaume de Champagne (1168-1176). Le programme pourrait avoir été conçu en l'honneur de la découverte de reliques de saint Jean-Baptiste et de l'institution d'une nouvelle fête liturgique en faveur de cette Invention par le patriarche Guillaume de Jérusalem dans la communauté dépendant de l'archevêché sénonais. La confrontation entre un épisode historique et le programme iconographique s'avère pertinente ; cependant la lecture proposée par l'auteur semble peut-être parfois trop systématique et certaines scènes (notamment les sujets des voussoirs 1 et 2 de droite) ne sont pas formellement identifiées.
SOURCE : Martin A., art. cit.
Notice : Béatrice Coquet
Date de la notice : 14/12/2017